SOUFFRANCE D'UN GRAND FRERE
A. le grand frère de Virgile est en 6ième. Grand changement la 6ième !
Aujourd'hui, je suis allée le chercher à son école de musique avec Virgile. En rentrant, il m'a demandé si c'était vraiment nécessaire que je vienne avec Virgile... Il m'a dit que 3 jeunes filles lui ont demandé si son petit frère était handicapé... Il a répondu oui et il en a souffert.
Nous avons discuté et il m'a tout déballé : depuis le début de l'année, au fur et à mesure que ses copains se rendaient compte que son petit frère était trisomique, on vient le voir en lui demandant (sans méchanceté d'ailleurs) comment c'est la vie avec un petit frère trisomique.
Lui ne sait pas quoi répondre, tout est confus pour lui : est-ce que Virgile est pénible parcequ'il est petit ou parcequ'il est trisomique ? Il n'est sûr de rien.
"A 4 ans, il ne sait même pas parler ! Il ne travaillera même pas, il fera rien dans sa vie ! J'aurais préféré qu'il meure dans ton ventre ! Tu peux pas savoir maman ce que les gens pensent des trisomiques !"
Tous ces mots font mal à un coeur de mère car je vois la souffrance d'A. mais je dois défendre aussi Virgile. Avant tout, il faut que je fasse en sorte qu'A. puisse assumer la différence de son frère sinon tout son petit frère sera une source de souffrance dans sa vie. Faut-il vraiment que notre choix d'avoir gardé Virgile soit assumé en partie par notre aîné ? N'y-a-t-il pas moyen de faire autrement ?
J'ai tenté de lui expliqué que si les gens s'intéressaient à lui et son petit frère c'est justement qu'il y avait un petit plus qui attirait les copains et que ça donnait une valeur supplémentaire à A.... il n'a pas vraiment l'air d'y croire.
Pour lui assumer la différence d'être collé à l'école était facile, ça faisait de lui un caïd. Mais assumer la différence d'avoir un petit frère trisomique, c'était une autre affaire et qu'il ne voyait pas ce que ça lui apportait. Il ne souhaite pas assumer cette différence, ne sait pas quoi faire avec.
Du coup, au quotidien, il ne supporte plus vraiment Virgile, et s'énerve tout le temps contre lui. Il ne voit plus aucune qualité à son petit frère alors que jusqu'à présent tout se passait bien.
La vérité est que le regard des autres pèse lourd. A l'école primaire, il était entouré par des enfants qui ne voyaient pas le problème avec Virgile et la vie d'A. était comme celle des autres. Mais à l'adolescence, tout change, le regard des copains change (même s'il n'est pas méchant et A. en convient) et notre garçon se construit avec à ce regard, c'est difficile, complexe.
Je fais un appel aux familles qui ont des enfants au collège ou au lycée en région parisienne. Peut-être pourraient-ils accepter de parler à A. pour lui expliquer comment ils ont géré ce passage.
Merci de vos réponses.
Alexia